jeudi 24 mai 2012

Le plus bel âge, Joanna Smith Rakoff

Me revoilà, en retard. Mais j'ai des cisrconstances aténuantes : le 09 mai 2012, Eloïs, 4kg05, 53cm est né, à 14h14. Depuis, je dors debout...

Mais voilà mon billet sur Le plus bel âge.


Pourquoi j'ai choisi ce livre dans mon espace culturel : 
La couverture d'abord : un flou, une femme au premier plan, adulte et, à l'arrière plan, une ville, New York. Le tout dans un dégradé de bleu-gris.
La quatrième de couv' ensuite : Il sont six. Six amis d'université, un vieux fantasme : créer une bande, une bande d'amis inséparables. New York, la cité qui ne dort jamais deuxième fantasme d'adolescente attardée : la grande pomme : New York, sur lequel j'avais bossé en seconde, en 2001, juste après le drame du World Trade Center. Ils vont se bruler les ailes aux lumières de la ville ici, la référence à Ycare, à son désir de monter toujours plus haut et qui finira par se brûler les ailes est éloquente : nous sommes face à un roman d'apprentissage, où les héros et héroïnes vont voir leurs ambitions, leurs fantasmes s'évanouir devant la rudesse de la réalité... sortes de Mme Bovary en puissance. Une génération perdue cherche sa place ouiiii, ayant travaillé l'année dernière sur le thème "génération(s)" avec mes BTS, je sais que la génération des 25-35 ans (dont je fais partie) peine à trouver sa place... le monde avance, elle est déstabilisée... alors je dis Oui !
Dernier argument : le nombre de pages : j'aime les pavés, les livres qui me tiennent...

Ce que j'en ai pensé : 
La lecture des premières pages est laborieuse : nous faisons connaissance des six amis lors du mariage de Lil. Il est très difficile de s'y retrouver dans ce flot de personnages que l'on rencontre, d'un bloc, au début du roman. Ce sentiment se retrouvera à plusieurs reprises lors de la lecture puisque, chaque chapitre étant consacré à un personnage différent, on peut parfois se poser des questions : elle bossait dans quoi elle ? elle était avec qui ?
La structure, qui pose ce problème de remémoration, est néanmoins un atout : Nous retrouvons nos six personnages à travers différents points de vue. Nous avons de leurs nouvelles à travers les yeux des autres ce qui est très interessant. De plus, cela crée une sorte d'attente, de suspence qui tient en haleine (et il vaut mieux, le livres comporte tout de même près de 700 pages).
Le roman commence donc par un mariage. Cet acte solennel qui marque, d'une certaine manière (il y en a d'autres) l'entrée dans le monde adulte, sérieux, rangé. La fin des illusions d'étudiants, l'entrée dans les rangs. C'est comme cela que les amis de Lil voient ce mariage. Ils feront tous, au fil des pages, leur entrée dans ce monde. Roman d'apprentissage donc où le lecteur peut, à un moment ou un autre se retrouver. Les thèmes abordés dans ce roman sont nombreux et chacun peut y retrouver une part de son histoire. Folie, grossesse, maladie, mort, naissance, amour heureux ou malheureux... Chacun y trouvera une part de vécu, y retrouvera une connaissance, un ami... Cet aspect du roman de Joanna Smith Rakoff m'a beaucoup plus...
Un autre aspect du roman est la manière dont on essaie toujours de se montrer autre que l'on est, toujours faire semblant, paraître pour finalement se rendre compte que tout le monde a son lot de secret et que la vie, si elle n'est pas toujours rose, ne l'est pas pour tout le monde, que tout le monde est pris dans cette spirale qu'est la vie.
Passées les premières pages et la confusion entre les personnages, je n'ai plus laché ce roman.

Ce roman donne une vision assez pessimiste de cette "génération perdue", peu de personnages sortent indemnes de ce passage dans le monde adulte, cette perte des illusions. Malgré tout, ce n'est pas cet aspect qui reste lorsqu'on referme ce livre dont je conseille la lecture sans hésitation.

Joanna Smith Rakoff

Deux morceaux choisis : 
"Leurs voix résonnèrent d'un bout à l'autre de la petite salle sombre, et, dans les éclats de miroir qui carrelaient les murs, ils se voyaient à la fois reflétés en mille exemplaires et brisés en autant de morceaux."
"Elles se croyaient alors à l'abri des risques banals de la vie d'adulte. Pour elles, le mariage de Lil avait été un jeu, presque une bonne plaisanterie. Comme elles avaient été naïves."